Frisson 
                    
                   
Un brouillard épais noie 
L'horizon où tournoie 
Un nuage blafard,  
Et le soleil s'efface,  
Pâle comme la face 
D'une vieille sans fard. 
La haute cheminée,  
Sombre et chaperonnée 
D'un tourbillon fumeux, 
Comme un mât de navire,  
De sa pointe déchire 
Le bord du ciel brumeux. 
Sur un ton monotone 
La bise hurle et tonne 
Dans le corridor noir : 
C'est l'hiver, c'est décembre,  
Il faut garder la chambre 
Du matin jusqu'au soir. 
Les fleurs de la gelée 
Sur la vitre étoilée 
Courent en rameaux blancs, 
Et mon chat qui grelotte, 
Se ramasse en pelote 
Près des tisons croulants. 
                   
                   
                  Théophile Gautier  
                   
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